Berthier fait peau neuve

Un équipement technique modernisé

Au départ, le site de Berthier était un entrepôt de décors. Sa transformation en salle de spectacle s’est faite assez vite et à moindre coût, pour accueillir nos activités pendant la rénovation du Théâtre de l’Odéon. Cet été, nous avons engagé les travaux nécessaires pour doter le bâtiment d’un gril, en vue d’améliorer les conditions de montage et de sécurité, un projet lancé par le directeur technique. Mon rôle a surtout consisté à étudier en amont les réponses à notre appel d’offres, puis à collaborer avec l’agence de scénographie (Michel Fayet — Changement de vue) dont le projet a été retenu…

Un gril, à l’origine, c’est un caillebotis en planches de bois ajourées, situé, dans les théâtres à l’italienne, au-dessus de la scène et assez solide pour qu’on puisse circuler dessus et y fixer des poulies. On les fabrique aujourd’hui en métal, avec une maille qui est ici de 50 millimètres. Sur ce gril, on peut poser des moteurs et faire passer des câbles ou des fils. On peut aussi installer des équipements au niveau supérieur, sur les rails qu’on appelle le «faux gril», ou par en-dessous…

… Il y aura sous ce gril des porteuses – ces barres mobiles sur lesquelles on accroche les décors et les lumières. Jusqu’ici, à Berthier, nous n’avions que des passerelles, des accroches et des ponts roulants. Les passerelles transversales vont rester, mais seront plus pratiques. Désormais,  le gril s’étend à 12,80 mètres de hauteur sur quasiment toute la surface de la salle, 13 mètres de large sur 31 mètres de long. Il a fallu faire un compromis : pour gagner de la hauteur scénique, un gril élevé est préférable, mais il faut aussi que les techniciens puissent aller et venir sans difficulté sous le toit à deux pentes. Nous avons pris comme repères ces superbes poutres horizontales qui courent d’une pente à l’autre : on doit pouvoir passer dessous sans se cogner la tête !
Elles sont d’origine, comme toute la ferme de la toiture. Tout ce qui est métallique a été ajouté depuis. Cette installation est assez nouvelle dans un lieu modulable de format «halle», très apprécié actuellement des créateurs. En Europe, il est encore assez rare de trouver dans ces salles, qui sont souvent des bâtiments industriels recyclés, des équipements d’une telle qualité, comparables à ceux d’un théâtre à l’italienne. Les porteuses de Berthier seront de dernière génération et déplaçables. Chacune sera reliée à un système de pilotage central. L’ensemble des moteurs sera synchronisable et assez silencieux pour fonctionner pendant le jeu. Ces moteurs pourront être accrochés où l’on veut sans difficulté, alors qu’auparavant, les régisseurs devaient se harnacher, s’accrocher à un fil de sécurité, et souvent travailler en porte-à-faux depuis un pont roulant ou une passerelle élévatrice.
Isabelle Neveux, régisseur-scénographe de l’Odéon

un accueil redéployé

Nous avons profité de ce chantier estival pour remanier les zones d’accueil du public. Les circulations ont été revues. Un voile de béton a été abattu au fond de la librairie, de façon à ouvrir un nouvel accès au café. Nous avons aussi amélioré les espaces techniques, les vestiaires du personnel, les locaux destinés à l’entretien, sans oublier l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Le bar et les comptoirs ont été remis aux normes. Comme toujours, il a fallu jongler avec toutes sortes de paramètres de sécurité et de contraintes plus ou moins lourdes, budgétaires, esthétiques ou fonctionnelles. Les responsables du bâtiment préfèrent du solide qui soit d’entretien facile, certains veulent du mobilier qui ait de la classe, d’autres aiment un style plus brut, inspiré de la Schauspielhaus de Marthaler à Zurich… Le public jugera !