Des incendies de mars, comme des giboulées…

Mars a la mauvaise réputation d’être, non le mois des giboulées, mais celui des incendies à l’Odéon.
Réputation un peu abusive puisque cela n’arriva que deux fois dans sa longue histoire, mais on dit bien « jamais deux sans trois »…

Le 18 mars 1799, l’Odéon est la proie des flammes. Le Moniteur rend compte de l’incendie :

Le feu s’est manifesté ce matin, à sept heures, au théâtre de l’Odéon ; il est consumé en grande partie. Deux pompiers y ont péri ; l’on a transporté leurs corps brûlés à la municipalité du IIe arrondissement ; On ne sait point encore la cause de cet incendie.

Le désastre restera confusément attribué à la malveillance des anciens concessionnaires, Sageret et surtout Le Page. Une probable arnaque à l’assurance, comme on dirait aujourd’hui. Les comédiens rejoignent alors la salle Richelieu, désormais dévolue à la Comédie-Française.

Frontispice de l’Almanach de 1800. Coll. Théâtre national de l’Odéon

Faute de financement, l’Odéon restauré par l’architecte Chalgrin ne rouvrira ses portes qu’en juin 1808 sous le nom de « Théâtre de Sa Majesté l’Impératrice et Reine ». Napoléon avait habilement imposé les frais de rénovation au Sénat en lui cédant le théâtre en toute propriété ! La Chambre des Pairs n’aura de cesse de réclamer le détachement de cette « annexe inutile, et peu en harmonie avec la dignité de la Chambre. »

L’Odéon brûle une seconde fois le 20 mars 1818  :

À quatre heures et demie, la charpente du faîte de l’édifice était consumée et était tombée avec fracas… Les quatre façades, le grand foyer, les corridors, les grands escaliers, les escaliers de communication et les loges des acteurs ont été préservés.

Les comédiens jouent pendant dix-huit mois à la salle Favart.

Inecndie de 1818

Incendie de 1818, vue depuis le mur de fond de scène. Coll. Gallica, BNF

Reconstruit sous les directives de Baraguey, architecte de la Chambre des Pairs, réorganisé, et surtout équipé d’un rideau de fer, le théâtre ouvre en septembre 1819 sous le nom de Second Théâtre-Français.

Le 8 mars 1900 un incendie ravage cette fois la scène et la salle de la Comédie-Française. La troupe se produit alors pendant six mois dans les salles de l’Opéra et de l’Odéon en attendant la reconstruction…

On peinerait à trouver une raison à tous ces incendies au mois de mars. Fin d’hiver et systèmes de chauffages encrassés, peut-être… ou simple hasard.

Notons que depuis 1990 et jusqu’à cette année, mars était aussi à l’Odéon le mois de nomination de son directeur, un événement nettement plus prometteur !