LOVE donne à éprouver la précarité sociale

Love, le spectacle d’Alexander Zeldin présenté à l’Odéon dans le cadre du Festival d’Automne cette semaine, est avant tout une histoire d’amour. Une histoire d’amour située au sein d’un groupe de personnes en situation précaire, rassemblées dans un appartement où elles sont accueillies de manière transitoire, juste avant les fêtes de Noël.
Alexander Zeildin donne à voir ce “purgatoire”, entre la rue et un véritable foyer, où va naître l’amour.

S’il témoigne de la grande misère qui atteint un trop grand nombre de personnes dans l’Angleterre d’aujourd’hui, s’il travaille avec des non professionnels, des gens qui n’ont pas les moyens de se payer des cours de théâtre, Alexander Zeldin se défend pourtant de vouloir faire “passer un message”. Il ne fait pas de théâtre engagé, mais crée un spectacle qui naît d’une nécessité, d’une forme de réflexion : montrer la réalité de notre monde avec plus d’intensité, permettre aux spectateurs, en se posant devant, d’avoir un regard neuf.

Le théâtre d’Alexander Zeldin a souvent été comparé au cinéma de Ken Loach, mais si les situations présentées peuvent être comparables, Loach revendique de faire œuvre politique quand Zeldin cherche à présenter une expérience de vie, aussi intense que la vie même, située dans un milieu social où le spectateur n’a probablement jamais vécu.

Dans Love, une famille se retrouve dans ce lieu temporaire d’accueil, car le père a perdu ses droits au chômage pour n’avoir pas pu pointer le jour où les huissiers ont débarqué chez eux. Dans le film de Ken Loach, Moi, Daniel Blake (2016), le héros, un homme âgé incapable de se servir d’un ordinateur, peine lui aussi à obtenir ses droits au chômage et se bat avec la gestion kafkaïenne des services sociaux :

Mais c’est le cinéma d’Agnès Varda qui a particulièrement compté pour Alexander Zeldin, avec son regard humain et aimant sur la détresse et la misère, son empathie :

Sans toit ni loi d’Agnès Varda (1985)

Et comme le disait une des personnes dont Alexander Zeldin a recueilli le témoignage pour l’écriture du spectacle : “quand il ne reste plus rien, quand on est dans le plus grand dénuement, c’est là que l’amour apparaît vraiment”.

 

LOVE
texte et mise en scène Alexander Zeldin

avec le Festival d'Automne à Paris
5 - 10 novembre / Berthier 17e