L’affiche du mois : Terra Incognita − Georges Lavaudant

Avec Terra Incognita, en janvier 1993, le public de l’Odéon-Théâtre de l’Europe découvre le travail de Georges Lavaudant et sa vision amoureuse et onirique du Mexique. Créé au Festival d’Avignon 1992, dans la carrière des Taillades, il en fut l’un des spectacles les plus insaisissables, agaçant pour les uns, magique pour d’autres, entêtant.

Le Mexique, Georges Lavaudant l’a découvert en 1985 : un choc. Il lui a soufflé cette vitalité, cette énergie qu’on retrouve sur le plateau, dans une suite de séquences mêlant théâtre et danse, et la musique d’un orchestre mexicain. La mort en mariée blanche rôde dans ce cabaret baroque, parmi les couples disséminés entre des tables chargées de bouteilles. Un « théâtre du se mettre en route sans tarder », selon Michel Deutsch.

« Ce n’est ni tout à fait un journal de voyage, ni tout à fait une pièce de théâtre », prévient Georges Lavaudant dans le programme. Au Mexique, il s’est passé pour lui quelque chose qui échappe au raisonnable.

« Nous ne sommes venus que pour dormir / Nous ne sommes venus que pour rêver / Ah! il n’est pas vrai. Il n’est pas vrai / que nous soyons venus vivre sur la terre! » dit le vieil indien à la fin, lors du cérémonial magique d’un culte indien insaisissable qui laisse le spectateur sur une impression de nuit et de mystère, de rêve éveillé, comme souvent chez Lavaudant.

Le spectateur n’a qu’à se laisser porter par cette revue terrifiante et gaie, drôle et poignante, belle et bricolée, superbement menée par des acteurs étranges, comme venus d’ailleurs. Voilà un objet théâtral jamais vu, et une espèce d’autoportrait aussi, d’homme de théâtre romantique et blessé : Georges Lavaudant, l’air de rien, s’y révèle comme jamais… écrit Fabienne Pascaud dans Télérama.