Assignation à résidence prolongée pour le metteur en scène Kirill Serebrennikov

Le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov, directeur du centre théâtral Gogol de Moscou, est accusé d’avoir détourné des fonds publics sous prétexte d’une mise-en-scène du “Songe d’une nuit d’été” de Shakespeare qui n’aurait jamais eu lieu, quand bien même le spectacle a connu plusieurs représentations à Riga et à Paris et a été nominé pour le prix du Théâtre National de Russie, le Golden Mask. Serebrennikov a qualifié ces accusations d’“absurdes”.

Depuis le 22 août dernier Kirill Serebrennikov est assigné à résidence, en l’attente de son procès. Obligé de porter un bracelet électronique, interdit d’usage d’internet et de communication par courriel, il n’a l’autorisation de communiquer qu’avec des parents proches. Condamnation a priori, qui signifie, pour un des artistes russes contemporains des plus célèbres, une privation de contact et donc, de toute création.

Un tribunal russe a rejeté mardi 17 octobre sa demande de libération et a ordonné que Serebrennikov reste assigné à résidence jusqu’au 19 janvier 2018, arguant du fait qu’il pourrait essayer de fuir, car il dispose d’un permis de résidence en Lettonie et d’une propriété en Allemagne. Serebrennikov a estimé qu’il ne s’agit là que d’une supercherie, étant donné que son passeport a été confisqué, et que par ailleurs “on fuit seulement quand on est coupable”. Il a aussi témoigné avoir eu conscience qu’il faisait depuis des années l’objet d’une surveillance policière, mais décidé de ne pas quitter la Russie.

Une pétition à l’initiative de Thomas Ostermeier & Marius von Mayenburg appelle les membres des gouvernements européens à intervenir avec la plus extrême fermeté pour empêcher que Serebrennikov ne se retrouve en prison suite à la campagne de diffamation aux motifs purement politiques dont il est victime. Elle a recueilli à ce jour plus de 39 000 signatures.

Les membres du réseau théâtre européen mitos21 expriment également leur solidarité avec Kirill Serebrennikov, et “demandent instamment aux autorités russes de lui rendre immédiatement la liberté et de faire en sorte que cette affaire soit conduite dans la plus absolue transparence”.

À lire :

Le journal d’Arte a consacré un sujet à cette affaire lundi 16 octobre, avant l’annonce du tribunal :

Catégories : Non classé

Classé dans :