« Ce Claudel, il a du ragoût »

s’exclama le Président De Gaulle à l’issue de la représentation inaugurale de Tête d’Or, le 21 octobre 1959.
C’est en effet avec cette pièce de Claudel, qu’il souhaitait créer depuis longtemps, que Jean-Louis Barrault ouvre l’Odéon-Théâtre de France et entame une aventure qui durera 9 ans, jusqu’aux événements de mai 1968.
André Masson dessine les décors et les costumes du spectacle, avant d’imaginer, quelques années plus tard, en 1965, un nouveau plafond pour le théâtre.

Depuis 13 ans l’Odéon n’existait plus, devenu en 1946 la seconde salle de la Comédie-Française, dénommée Salle Luxembourg. En confiant le « château » du Théâtre de France à Barrault, André Malraux lui enjoint de poursuivre la mission que s’était donnée la Compagnie Renaud-Barrault : « Poursuivre le Beau sans se dérober au Difficile ».
En janvier 1959 la création d’un ministère indépendant voué à la « Culture » a formalisé l’émergence progressive de la notion de « politique culturelle » et doit rompre avec la modeste politique des Beaux-Arts menée jusque-là. Les missions que Malraux assigne alors au nouveau ministère sont ambitieuses : il s’agit pour l’Etat de « rendre accessible les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français : assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent ».
Pour soutenir ce projet, la soirée de gala d’ouverture de l’Odéon-Théâtre de France, le 21 octobre 1959, rassemble le Tout-Paris, une grande partie du gouvernement et du corps diplomatique, et débute, comme il se doit, par une Marseillaise…

L’ORTF est présente pour l’événement, et l’on découvre, dans cette vidéo présentée par l’INA, un Joseph Kessel, fort ému, narrant ses débuts de comédien à l’Odéon, à l’âge de 17 ans, en 1915 !