Climat, CO², une planète au bord de l’overdose

Que reste-t-il à comprendre dans l’évolution du climat ? Deux ans après la COP 21, qu’est-ce qui est connu, établi, scientifiquement certain ? Etienne Klein nous invite samedi 18 novembre à nous pencher sur ses questions lors d’une conversation scientifiques avec Hervé Le Treut, climatologue. En attendant cette rencontre, dressons un court bilan des émissions de CO², un gaz à effet de serre qui contribue au réchauffement climatique.

L’organisation météorologique mondiale, une agence de l’ONU, a annoncé lundi 30 octobre 2017 que la concentration de dioxyde de carbone (CO²) dans l’atmosphère avait atteint un niveau exceptionnel en 2016 : « la dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO² comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années : la température était de 2 à 3 °C plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel ».cf¹
En 2016, les températures de surface de la mer ont été les plus élevées jamais constatées. En outre, la hausse du niveau moyen de la mer s’est poursuivie et l’étendue de la banquise arctique a été bien inférieure à la normale la majeure partie de l’année.

La hausse du CO² est en partie due à l’augmentation du nombre de voitures en circulation sur la planète (mais aussi au chauffage, aux centrales électriques à combustibles fossiles). Pourtant bien peu de gouvernements mettent en place des mesures pour forcer les constructeurs à fabriquer des voitures moins polluantes, ou pour favoriser des véhicules totalement propres. Outre les émissions de CO², les véhicules à moteur émettent aussi des particules fines responsables d’une pollution de l’air insidieuse, ou certains jours spectaculairement visibles, comme à Pékin, ou à New Delhi où depuis le 7 novembre un brouillard de pollution (smog) piégée par le changement de temps asphyxie la ville : les concentrations de minuscules particules de 2,5 micromètres dépassent jusqu’à 30 fois le plafond recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’OMS publiait en 2016 un rapport concluant que 80% des zones urbaines de la planète avaient un taux de pollution excédant ses recommandations, ce qui ne manquerait pas d’entraîner pour les populations des risques respiratoires, cardiaques, et une préoccupante surmortalité. Ces taux alarmants touchent essentiellement les pays pauvres ou à revenu moyen, où 98% des villes de plus de 100 000 habitants dépassent les seuils recommandés.

En 2015, selon certaines estimations, les émissions de CO² liées à l’activité humaine avaient progressé de 17,4 % depuis 2005 et de 55 % depuis 1990. Pourtant en 1999, le Protocole de Kyoto aujourd’hui signé par une majorité de pays a établi un calendrier de réduction des émissions de ce gaz. Si ces taux de pollutions tendent à baisser depuis quelques années dans certaines zones du globe (par exemple les émissions chinoises de CO² ont baissé de 2 % en 2014 grâce à une politique volontariste de fermeture des sites de production les plus polluants et de développement des énergies non fossiles), reste que d’autres, comme New Dehli en ce mois de novembre 2017, n’avaient jamais jusqu’à ce jour connus pareil effet “chambre à gaz”.cf²

Aux États-Unis le président Donald Trump a annoncé cette année que le traité de Paris (COP21) était contraire aux intérêts des américains. Heureusement de nombreuses grandes villes américaines et certains États mènent une politique de réductions des émissions de CO² et ont annoncés qu’ils la poursuivraient coûte que coûte.

Néanmoins le Global carbon project souligne que la trajectoire actuelle des émissions de gaz carbonique concorde avec le pire des scénarios évoqués par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui table sur une hausse de la température mondiale de 3,2 à 5,4°C d’ici 2100.
Il est plus que temps d’agir…

 

¹ https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Environnement/Toujours-CO2-latmosphere-2017-10-30-1200888320
² http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/10/pour-le-deuxieme-hiver-consecutif-delhi-etouffe-sous-la-pollution_5213353_3244.html

Du changement climatique
Conversation scientifique animée par Étienne Klein, avec Hervé Le Treut, climatologue.

Odéon 6e / Grande Salle / 18 Novembre 2017 - 14h30

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