L’affiche du mois : Orlando (1993), Robert Wilson, Isabelle Huppert

L’Odéon-Théâtre de l’Europe est «le théâtre d’Isabelle Huppert».
Georges Lavaudant, directeur du théâtre de mars 1996 à mars 2007, disait en souriant : « Isabelle était là avant nous, elle sera là après nous. »

affiche Orlando, septembre 1993

Si Isabelle Huppert a foulé pour la première fois le plateau de la grande salle du 6e arr. en février 1991, lors du Mesure pour mesure de Shakespeare mis en scène par Peter Zadek, elle était alors accompagnée de Pascal Bongard, Philippe Clévenot, André Marcon, François Marthouret…

Pour Orlando, elle est seule en scène.

Le spectacle, créé au Théâtre Vidy de Lausanne en mai 1993, est repris en septembre de cette même année à l’Odéon dans le cadre du Festival d’Automne. Il sera joué, avec la tournée, 114 fois.

Robert Wilson adapte avec Darryl Pinckney le roman de Virginia Woolf paru en 1928. Ils considèrent que « le génie de Woolf résidait dans son imagerie et dans sa capacité à faire surgir de la littérature anglaise et du cadre anglais de son époque, un flux ininterrompu et étonnant de langage poétique, des phrases urgentes et rythmées, chargées de sens et d’une construction parfaite. »1

Orlando se présente comme une biographie imaginaire et parodique : un jeune noble anglais entre à la cour de la reine Elizabeth 1re, à la fin du XVIe siècle. À la suite d’un chagrin d’amour, il décide de partir comme ambassadeur en Orient. Là, il s’endort une semaine et se réveille femme. Elle partage alors la vie de nomades tziganes, puis retourne à Londres pour se consacrer à la poésie. Le roman se termine en 1928, très précisément « le jeudi 11 octobre 1928 », alors qu’Orlando est devenue une femme de lettres à succès.

Isabelle Huppert réussit la prouesse d’être tout à la fois Orlando, à n’en pas douter, et le narrateur instable, ambigu d’une histoire nommée « Orlando », follement drôle et fougueuse, sertie d’images botaniques, littéraires et géographiques. Les entrées ou sorties de l’actrice tiennent de l’apparition ou de la disparition de ces acteurs du kabuki qui n’ « entrent » pas en scène mais semblent en émaner.
Odile Quirot, Le nouvel Observateur du 16 septembre 1993

programme d’Orlando