MMMM – Un voyage du plus loin au plus intime

Marie Madeleine Marguerite de Montalte de Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra. Phto © Jean-Louis Fernandez

« RAMASSE-LE » injonction désespérée, à laquelle ni elle, ni lui n’obéiront.

Le parapluie restera là, tombé, abandonné sur un trottoir de Tokyo, et chacun partira de son côté. Le point d’orgue du récit. Là où mène cette piste d’aéroport, deux lignes de lumière bleue avec pour point de fuite l’écran vidéo qui ferme le plateau au lointain. Écran où s’affichent sur fond bleu, l’un après l’autre, les quatre M majuscules, Marie Madeleine Marguerite de Montalte, tout de lumière blanche. Puis image en triptyque de Tokyo démultipliée, la ville démultiplie la perte. Le train file vers Kyoto, là où d’une cabine téléphonique à la chambre d’un hôtel deTokyo, le désir chemine encore, étouffé sous le désespoir d’une rupture indépassable.

Plus tard les lignes bleu du tarmac sont devenues rouges, deux lignes rouges fuyantes, fuir, bruits de sabots, cheval qui renifle, Zahir surgit, s’affole disparaît dans le noir. La trompette pleure la mélancolie de la scène ;  la trompette transpire la sensualité de la scène. Déjà quand le narrateur entrait sur le plateau il était seul, Marie laissé hors champ, Marie que l’on n’apercevra qu’une seule fois, de dos, descendant le sentier vers la mer. Plus tard devenue juste une tâche sombre qui émerge de la nuit tombée sur la méditerranée où elle se baigne. Marie qui se noie dans ses larmes, contre l’épaule du narrateur, et avec elle nous pleurons nos amours détruites, jamais tout à fait mortes.

Jean-Philippe Toussaint retisse une narration, les mots dits ou écrits, les images, les vidéos, les musiques (piano, guitare et trompette) du synthétiseur aux instruments acoustiques, recomposent l’histoire d’amour autour de la rupture, violence du geste inaugural, indicible douleur de l’absence, douceur du chagrin qui enfin s’avoue.