Romeo Castellucci : sa première fois à l’Odéon

Romeo Castellucci et la Societas Raffaello Sanzio ont été invité à l’Odéon-Théâtre de l’Europe en octobre 2000 à l’occasion du Festival d’Automne à Paris. Il s’agissait d’une double invitation puisque deux spectacles furent alors représentés : Il Combattimento et Genesi, from the museum of sleep.

affiche Genesi-Combattimento

affiche Genesi-Il Combattimento / Romeo castellucci

Le programme de salle de Genesi décrivait ainsi leur travail :

Le théâtre de la Societas va droit à l’essentiel. Sans rien supposer d’avance, et surtout pas la « normalité », il sait déchiffrer le chaos qui gronde dans la naissance des formes, l’écho de rumeurs utérines dans la musique la plus savante. Si texte il y a, il s’agit souvent des plus grands, de ceux qui inaugurent un monde, qui résument ou affectent toute une culture : Gilgamesh, L’Orestie ou Hamlet. La Societas les jette au creuset du plateau comme autant d’éléments chimiques destinés à réagir sur les corps, bien au-delà de la simple  « relecture » d’une tradition.

Et plus particulièrement, à propos de Genesi :

Contrairement à un malentendu fréquent, le travail de la Societas ne recherche pas la provocation. Ce théâtre provoque tout autre chose, et sa violence, incontestable, est d’un autre ordre. Quand Castellucci s’inspire de la Bible pour composer le triptyque de Genesi, il cherche d’abord à y retrouver les éléments d’un poème où il est question, pour notre siècle, des liens obscurs et parfois atroces entre une création et sa fin, entre les limbes que hante encore le songe informe de l’avenir et l’horreur impensable d’un monde qui vit Auschwitz − horreur qui est un fait, et qui devait déjà flotter dès l’origine dans « la terreur de la pure possibilité ». Ce théâtre-là ne préjuge donc même pas de ce qu’est l’humain, mais le traque à ses frontières et à ses racines, du côté de l’inorganique, du mécanique, de l’animal.

Les spectacles de Romeo Castellucci s’organisent comme autant de « visions » qu’il propose au public, quitte à dérouter.

Il n’y a aucune pédagogie dans mes spectacles, reconnaît-il. Le spectateur est un adulte capable de comprendre à tous les niveaux ; pour moi, proposer un spectacle, c’est une autre forme d’abandon.

Genesi © Luca Del Pia

Genesi / Romeo Castellucci © Luca Del Pia

2-20 décembre 2015 / Odéon 6e
Orestie (une comédie organique ?)
d’après Eschyle / mise en scène Romeo Castellucci