Saigon, « les règles du jeu »

Le projet de Caroline Guiela Nguyen résulte d’un lent mûrissement. Saigon n’est ni un projet sur le passé colonial de la France ni un projet autobiographique, même si la mère de la jeune metteuse en scène est vietnamienne, et que de nombreux séjours au Vietnam lui ont donné des « indications fictionnelles » : « Hô-Chi-Minh-Ville est chargée d’histoires de départ, d’exil, elle est peuplée d’êtres qui manquent dans les familles et c’est cette absence qui engendre la fiction. »

De là naît l’enquête qui sera menée ensuite avec l’ensemble de son équipe, en mars 2016, lors d’un séjour d’un mois au Vietnam, à la recherche des fantômes de Saïgon (ancien nom de Hô-Chi-Minh-Ville jusqu’en 1975) : il s’agit de « récolter des histoires », des empreintes, des sensations, qui constitueront le sous-texte de la future pièce. Il s’agit de « retrouver le trajet des larmes. »¹

Au moment du départ, Caroline Guiela Nguyen transmet à ses comparses une pochette contenant des photos et des textes, ainsi qu’une liste de règles : « les règles du jeu » :

1/ Je vous propose donc de commencer l’errance. Peut-être même à l’aéroport.

2/ L’idée n’est pas de faire une fouille archéologique ni de rentrer précisément dans ce qu’on appelle l’Histoire. Mais de prendre l’Histoire ou la fouille archéologique comme autant d’éléments qui nous permettrons de faire resurgir le présent. Nous allons vivre dans cette ville qui porte un double nom : Saigon ou Ho Chi Minh.

Une double sonorité, un double temps, un double paysage, un double espace.

3/ Il faut errer pour savoir ce que l’on cherche. Nous prendrons cette photo de réception et les autres éléments disposés dans la pochette pour stimuler notre errance et notre imaginaire.

bal-saigon

Nous ne sommes pas à la recherche d’un temps passé. Nous cherchons à contempler le présent.
Voici donc la liste des lieux dans lesquels nous allons nous perdre.

* toutes les photos que vous avez sous les yeux ont été achetées sur Ebay à un inconnu sauf celle du bal qui a été envoyée de France par un ancien d’Indochine qui a désiré rester anonyme.

4/ Vous pouvez donc utiliser tous les éléments de cette pochette pour rentrer en contact avec les gens. Vous pouvez au fur et à mesure compléter cette boite.

5/ La liste des lieux n’est pas exhaustive. Mais il est important de trouver des lieux où il existerait la trace visible ou invisible de notre monde « blanc ». Si les lieux sont rajoutés, merci de les inscrire sur le panneau dans le lieu de restitution.

6/ Chaque errance doit être restituée un soir de la semaine à 18h à notre lieu de travail. Elle sera présentée comme un récit et non pas comme un exposé anthropologique ou historique. C’est l’imaginaire et le réel qui sont en jeu.

7/ Chaque errance doit être restituée avec du son, des photos, de la vidéo ou des dessins.

8/ Les errances sont possiblement accompagnées d’un traducteur.

9/ Vous avez le droit de changer d’identité pour les errances si cela n’entrave en rien l’intégrité de la personne rencontrée.

10/ Chaque Errance doit se faire à 2 ou 3 personnes grand maximum.

11/ Ces même règles du jeu seront utilisées pour Logne.

12/ Merci de vous acheter Mrs Dalloway de Virginia Woolf avant de partir et de le prendre avec vous durant le voyage.

Des traces de ces errances sont à retrouver sur le site de la compagnie Les Hommes Approximatifs.

 

¹ citations issues du dossier artistique du spectacle

Saigon
un spectacle de Caroline Guiela Nguyen / artiste associée
les Hommes Approximatifs

12 janvier – 10 février 2018 / Berthier 17e

Catégories : Vu du gril : découvrir l'envers du décor

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