Il y a cent trente ans, l’Odéon inaugure son nouveau plafond et… Dostoïevski!

En mars 1888 la lumière électrique avait été installée dans la salle du Théâtre de l’Odéon, puis celle-ci ferma le 15 juin pour quelques travaux de réfections. Le théâtre rouvre le 15 septembre, avec un nouveau plafond commandé par la direction du théâtre au peintre Jean-Paul Laurens. L’artiste avait été libre d’en choisir le sujet : le plafond représentera une nuée de muses, tombant du ciel pour rejoindre le monde de la représentation ici-bas.

Détail du plafond de Jean-Paul Laurens, photo circa 1950

Détail du plafond de Jean-Paul Laurens, photo circa 1950

Vue d'ensemble

Vue d’ensemble

Né à Fourquevaux en 1838, Jean-Paul Laurens s’était formé à l’école des Beaux-arts de Toulouse puis à Paris. Il fut très célèbre en son temps pour ses compositions historiques. Laurens était un républicain convaincu. Son œuvre reflète souvent sa lutte contre l’intolérance et pour la liberté politique et religieuse. Il fut aussi un grand décorateur, à Paris (Palais de la Légion d’Honneur, église Sainte-Geneviève, Hôtel de ville de Paris, Panthéon…) mais aussi pour le Capitole à Toulouse (salle des Illustres). Plusieurs de ses toiles sont désormais exposées de façon permanente au Musée des Augustins à Toulouse. C’est là également, dans ses réserves, que se trouve désormais le plafond de l’Odéon démonté en 1965. À cette date, le plafond de Laurens nécessitait une importante restauration, à la fois coûteuse et difficile, qui ne fut finalement pas réalisée. On lui préféra une nouvelle création, conçue à la demande du ministère de la Culture par le peintre surréaliste André Masson.

Le 15 septembre 1888, l’Odéon inaugure donc son plafond de muses, mais c’est aussi la première de Crime et Châtiment, pièce en sept tableaux, en prose, d’après le roman de Dostoïevski, adaptation réalisée par MM. Paul Ginisty et Hugues Le Roux, direction par Paul Porel, alors directeur du théâtre.

C’est la première fois qu’on tente sur la scène de l’Odéon (et très probablement aussi en France !) une adaptation scénique de l’auteur russe, dont le roman, paru en 1866, avait été un événement littéraire en Russie, puis en France lors de sa traduction en 1884.
Mais les adaptateurs semblent s’être heurtés à des difficultés insurmontables, et avoir échoué dans leur entreprise… La pièce ne fut jouée que 22 fois.
Lorsque Gaston Baty tentera en 1933 une nouvelle adaptation (au Théâtre Montparnasse), ce sera cette fois une grande réussite, à une période où l’œuvre de Dostoïevski était désormais devenue classique pour le public français.

Les Démons
d’après Fédor Dostoïevski
mise en scène Sylvain Creuzevault

21 septembre - 21 octobre / Berthier 17e