Steven Cohen, l’Art pour défier

Steven Cohen est né en Afrique du Sud, en 1962. Il arrive en France en 2002 et partage sa vie entre la France, où il se produit régulièrement et où il réside, et sa ville natale, Johannesburg. « Mon corps est en France mais mon cœur est en Afrique du Sud ». Il se définit comme un artiste africain blanc, gay, et juif. Chorégraphe, performeur et plasticien, il ancre son œuvre, très intime, dans l’engagement politique. Venu des arts plastiques, son corps et son visage jusqu’à son crâne sont l’aboutissement de ses créations. Sa première performance daterait de 1968. Depuis, il n’a cessé de questionner, à travers des actions critiques, les rapports de genres et de dominations, notamment entre populations d’origine ethnique ou sociale antagonistes. Il intervient tant dans l’espace public que dans des lieux institutionnels.

Le 10 septembre 2013 il réalise sa performance Coq/Cock sur la place du Trocadéro à Paris. Voici ce qu’il en dit après sa condamnation (sans peine) pour « exhibition sexuelle ».

«J’ai choisi pour ma performance, que je vois comme une action politique, l’esplanade du Trocadéro. On ne l’envisage plus comme un lieu politisé car la marchandisation l’a convertie aux yeux du monde en décor de pubs pour parfums. Mais, avant même de venir en France, j’avais surtout en tête l’image de cette esplanade parcourue par Hitler et Albert Speer. Dans Coq / Cock, je me trouve à la place d’Hitler, à défaire ce qu’il a entrepris, défiant l’extermination par le fait même d’être en vie. C’est un espace saturé de symboles politiques et sexuels, de statues aux sexes de bronze et de pierre. Qui eut cru qu’un sexe de plus allait causer un tel pataquès ?

«Nous avons dansé une dizaine de minutes avec le coq, Frank, avant l’arrivée de la police, qui souhaitait sans doute contribuer à sa façon à la chorégraphie ! Je faisais de l’art, eux ont créé un scandale. Je me comportais en dame, et les policiers ont agi en voyous insensibles. Quoi que j’ai fait, je l’ai fait au nom de l’art, dans un pays synonyme dans le monde entier de créativité artistique. La France, un pays de culture ? Peut-être… Mais pas ce siècle-ci ! Je suis parvenu à créer une forme singulière d’art contemporain et la France a échoué à la reconnaître comme telle. »Propos recueillis par Clémentine Gallot pour le journal Libération

En 2017, Steven Cohen perd Elu, son compagnon de vie et d’art depuis vingt ans.

Avec sa pièce Put your heart under your feet … and walk ! dédiée à son compagnon, il propose un rituel funéraire chorégraphique, théâtralisé en public, pour surmonter le deuil. Pièce inspirée de ce que sa mère adoptive, sa nounou, Nomsa, âgée de 96 ans et disparue depuis, lui a conseillé : « mets ton cœur sous tes pieds et marche ».

 

Pour mieux appréhender cet artiste, lisez cet entretien :
https://www.poly.fr/steven-cohen-interview-performance-art/

 

L’affaire Steven Cohen ou le sexe public
jeudi 7 février 2019 - 18h / Salon Roger Blin

Cycle : Genre, autorité, liberté

Catégories : Le foyer : partager les idées

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