« Après nous le déluge », dit-on

Mais depuis quand le dit-on, en fait ?
Depuis le Déluge, celui pour lequel Noé construisit l’Arche ?

Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; le déluge vint, et les fit tous périr. (Luc 17:27)

Les humains avaient refusé de monter dans l’arche parce que la recherche de leur propre satisfaction immédiate était leur seul centre d’intérêt.
« Peu importent mes actes, puisque je vais mourir et qu’ils ne me concerneront plus », dit l’expression.

Certains la font remonter à Mme de Pompadour, conseillère de Louis XV après avoir été sa maîtresse. À la suite de la bataille de Rossbach en novembre 1757, où vingt mille Français conduits par le Prince de Soubise furent vaincus par les Prussiens de Frédéric II, la marquise se serait ainsi exclamée pour consoler le roi.

Mais les lexicographes s’étonnent de ne pas voir de trace écrite de l’expression avant 1789.
Claude Duneton, le grand historien du langage, disait qu’elle existait bien auparavant et qu’elle aurait été remise au goût du jour par l’astronome Maupertuis qui avait annoncé le retour de la comète de Halley pour 1758, en indiquant qu’elle provoquerait un nouveau déluge et peut-être la fin du monde. D’où un certain fatalisme, pour ne pas dire pessimisme, dans la population française… et la fortune nouvelle de l’expression.

Contre le culte de l’ici-et-maintenant induit par le fatalisme, le philosophe Peter Sloterdijk nous invite à nous réinscrire dans la durée, à tenir compte des expériences passées comme à agir pour le futur de la planète.
Après nous, arrêtons le déluge ?

Les Dialogues du contemporain
Après nous le déluge
Rencontre avec Peter Sloterdijk, philosophe
Lundi 17 octobre 2016 / 20h
Odéon 6e / Grande Salle