Choisir ses chaussures de marche avec Céline Minard

De R au Grand Jeu, en passant par Le dernier monde ou Faillir être flingué, on marche beaucoup dans les romans de Céline Minard, par les forêts, sur les routes vidées de toute humanité, à travers les plaines de l’ouest américain ou en haute montagne. Souffle, rythme donnent aux personnages de ses romans − comme à son écriture − leur position si singulière dans l’existence. Mais que seraient-ils sans une bonne paire de chaussures ?
Nous avons posé la question de son choix à l’auteur.

 

extrait Grand Jeu 1

Qu’est-ce qu’une bonne paire de chaussures de marche, Céline Minard ?
C’est celle à quoi on ne peut rien enlever. Pas d’accessoire, que l’essentiel.
Ce n’est pas si simple !
Elle doit tenir la cheville fermement mais doucement. Avoir un bon amorti. Et des crans.
Le chaussant doit être protecteur mais léger. Et étanche pour passer les rivières à gué, enfin tant que ça ne dépasse pas la cheville ! Si si, avec de bonnes chaussures on n’est pas mouillé.
Le laçage doit être simple, sinon les enfiler le matin, pas réveillée, tout ça, bon…
Et il ne faut pas oublier d’y faire un double-nœud ! Et de faire des boucles pas trop grandes ! Sinon gadin garanti avec la chaussure d’à côté, quand la boucle se prend dans un crochet. Ça c’est le piège classique.
La couleur est parfois un problème parce que fuchsia… sans compter que ça fait fuir les isards !
Pour la matière, cuir ou gore-tex, c’est affaire de besoin, d’argent aussi, le gore-tex est plus léger, un peu moins cher, mais moins étanche, et moins solide. Alors ça dépend de la randonnée. Mais quand tu as le pied mouillé au bout d’une demie-heure…
Le cuir est plus lourd et sèche moins vite, mais quand le lendemain matin tu dois remettre des chaussures mouillées, mieux vaut le cuir, parce que c’est de la peau, ça se réchauffe, c’est souple.

Avant toute chose, essayer.
Le chaussant doit être bon, coupé pour toi. Il faut que tu t’y sentes bien.
Quand elles sont neuves, serrer les chaussures d’abord sur le coup de pied. Quand elles sont faites tu peux serrer la tige. Sinon tendinite ! Une bonne chaussure tient, et te tient la cheville, même en ne laçant que le coup de pied.
En général on doit prendre une pointure de plus que pour des chaussures de ville. Enfin ça dépend des marques. Certaines peuvent chausser assez grand mais fin.
Moi j’ai un pied Salomon, par exemple.
Et surtout tu les essayes avec les chaussettes adaptées. Je vais t’en parler.

Quand tu les as aux pieds, il faut trouver une pente, descendre.
La pente c’est The Test !
Si en descente tu touches le bout c’est qu’il faut une pointure de plus, ou changer de marque.

Grand jeu extrait 2

Et la chaussette alors ?
Aaahh, la chaussette !
Il y a plusieurs écoles : coton bouclette, laine ou double épaisseur.
La laine, que j’aime bien, est très respirante, chaude, et avec les nouveaux tissages elle ne gratte pas. L’été elle peut être moins chaude que les autres !
Mais elle s’use assez vite. Les chaussettes en laine peuvent être très fines, les 200g seront pour l’été, les 400 et 600 grammes pour les randos d’automne et d’hiver.
La double épaisseur c’est bien pour le confort, ça évite les ampoules, mais l’été c’est trop chaud.
Quant aux bouclettes du genre de mes vieilles chaussettes Monnet, c’est très chaud, ça absorbe la transpiration sans l’évacuer, quand tu te refroidis lors d’une pause tu gèles.
Après la chaussette monte plus ou moins, moi je n’aime pas quand ça monte, c’est plutôt pour le ski.

On réinvente l’eau tiède mais finalement le mieux c’est le cuir et la laine. Ce n’est pas de la nostalgie, on a fait de grands progrès en technique de fabrication, le cuir est plus fin, léger, la laine ne gratte plus.

Matières organiques et techniques modernes, c’est la bonne combinaison !
Et enfin, une bonne paire de chaussures c’est une paire de chaussures que tu aimes. Parce
qu’elles sont belles, oui, belles, et qu’elles ont vu du pays à tes pieds.

 

Grand jeu extrait 3
Propos recueillis par Juliette Caron le 10 octobre 2016
Citations extraites du
Grand Jeu, paru en août 2016

Le Grand Jeu de Céline Minard
Lecture radiophonique réalisé par Sophie-Aude Picon.
Avec Nathalie Richard.
Samedi 19 Novembre 2016 / 20h00
Odéon 6e / Grande Salle

Catégories : Le foyer : partager les idées

Classé dans : , , ,