Deborah Warner : sa première fois à l’Odéon

À 21 ans Deborah Warner fonde sa compagnie, The Kick Theatre (le « coup de pied »), et met en scène un Shakespeare par saison au festival d’Édimbourg (à 25 ans elle aura monté cinq Shakespeare !). Elle s’y fait remarquer, et la Royal Shakespeare Company l’invite à monter Titus Andronicus (1987, présenté en France au Théâtre des Bouffes du nord en 1989). La rigueur du travail textuel, le dépouillement des moyens scéniques, donnent à la violence de l’œuvre un relief inouï, si bien que des spectateurs s’évanouissent chaque soir.
Deborah Warner devient rapidement metteuse en scène associée au Royal National Theatre.

À 31 ans, en novembre 1990, elle fait ses entrées sur le plateau du Théâtre de l’Odéon avec le King Lear (Le Roi Lear) de William Shakespeare, pour la première saison de l’Odéon-Théâtre de l’Europe et de son directeur, le catalan Lluis Pasqual.

Brian Cox dans le rôle du roi Lear

Brian Cox dans le rôle du roi Lear

Ce King Lear, que Deborah Warner avait créé au National Theatre le 26 juillet 1990, est présenté en alternance avec le Richard III mis en scène par Richard Eyre, avec la même troupe de comédiens du National Theatre. Et quelle troupe ! Le roi Lear est interprété par le grand Brian Cox, le comte de Kent par Ian McKellen (oui LE Ian McKellen de Gandalf, dont il a déjà été question sur ce blog ici), Régane, seconde fille du roi, est interprété par Clare Higgins, qui recevra par la suite trois Laurence Oliver Award, la plus grande récompense britannique pour un acteur. Un prix que Ian McKellen a reçu quatre fois !

« La tragédie se déroule en entier, pendant près de quatre heures, sur un rythme unique. Le temps et l’espace sont ceux du pur théâtre, réduit, si l’on peut dire, à la seule force du texte », dit Guy Dumur dans le Nouvel Observateur du 15 novembre.

« Le Lear de Deborah Warner carbure à l’amour. [Elle] confirme un formidable don pour catalyser l’émotion et l’énergie. […] C’est tout la mise en scène de Deborah Warner qui bat ainsi entre violence et humanité, souffle contre souffle avec le texte. On peut imaginer un autre Lear, moins brouillon, plus achevé. On ne peut pas en rêver de plus beau », s’enthousiasme René Solis dans Libération le 22 novembre.

La deuxième fois de Deborah Warner à l’Odéon, ce sera en avril-mai 1997, avec Une Maison de poupée, d’Ibsen, en français et avec Dominique Blanc, déjà, dans le rôle de Nora…

Le Testament de Marie
de Colm Tóibín
mise en scène Deborah Warner
création

du 5 mai au 3 juin 2017 / Odéon 6e