Les enfants du Songe

Du 21 avril au 20 mai 2017, l’Odéon-Théâtre de l’Europe accueille la création de Guillaume Vincent Songes et Métamorphoses aux Ateliers Berthier. Le metteur en scène signe une réécriture contemporaine mêlant, dans une première partie Les Métamorphoses librement inspirées d’Ovide, et dans une seconde Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare : les différentes histoires se succèdent et résonnent d’un texte à l’autre.

Un des aspects importants de cette pièce est la place qu’occupe le théâtre amateur. Le spectacle Songes et métamorphoses rend non seulement hommage au théâtre amateur mais aussi au spectateur amoureux de théâtre, dans toute la diversité de ses formes. Pour cela Guillaume Vincent ouvre son spectacle sur une mise en abyme, dans laquelle jouent des enfants. Âgés de 11 ans, les douze enfants se répartissent quatre rôles sur trois distributions, en alternance, et interprètent L’étrange délire de Narcisse. Cette courte scène d’une quinzaine de minutes représente le drame de Narcisse et d’Écho : l’impétueux Narcisse tombe amoureux de son reflet et rejette le désir que la nymphe Écho éprouve pour lui. Le désespoir de cette dernière la transforme en rocher tandis que Narcisse se tue de ne pouvoir se posséder davantage. On assiste ici à un « théâtre dans le théâtre » : les enfants-comédiens sont en fait de jeunes élèves présentant leur spectacle de fin d’année, sous le regard bienveillant de leur professeur Monsieur Gaillard. À la fin de la scène, ils viennent saluer le public mais aussi le public présent dans la pièce, à savoir les parents qui viennent chercher leurs enfants suite à cette représentation scolaire.

Gaspard, Darius, Kadiatou et Mia, l'une des distributons de L'étrange délire de Narcisse...

Gaspard, Darius, Kadiatou et Mia, l’une des distributions de L’étrange délire de Narcisse…

Six de ces enfants − Hora Fourlon-Kouayep, Darius Van Gils, Baptiste François, Capucine Gilson, Mia Luppens-Sfez et Kadiatou Barry – font partie de la classe des 6ème 2 du lycée-collège Jules Ferry (Paris 9e). La première partie des répétitions a été prise en charge par Clémence Bordier, adjointe à la responsable du développement des publics et chargée de l’enseignement et de l’éducation artistique à l’Odéon. Bien que tous les élèves ne soient pas présents sur scène, ils ont tous été associés au projet : une visite de la scène et de la salle de l’Odéon dans le 6e et des Ateliers Berthier dans le 17e a été organisée, ainsi qu’une visite des ateliers de confections des décors et accessoires, à Berthier également. D’autre part, ils ont participé à une lecture du texte théâtral à voix haute avec Clémence, analysé le mythe de Narcisse et le texte de Guillaume Vincent. Beaucoup d’entre eux ont préparé l’audition. À la fin des répétions en Studio dans le 6e, toute la classe a été conviée, avec leurs professeurs et les parents des élèves-comédiens, à une répétition ouverte. Des rencontres sont aussi à venir avec le metteur en scène, les comédiens ou les équipes d’accessoiristes. Enfin, quelques éléments de costumes, utilisés lors des répétitions, ont été réalisés par leurs soins (masque, fleur, arc), grâce au soutien de leur professeur de français Catherine Viennot-Franca et de leur professeur d’arts plastiques Anne Charbonneau, sous la direction de la Principale de collège Cécile Mesnard, partie prenante dans le projet.

arcLes enfants montrent une grande motivation : qu’ils soient issus de familles « théâtrales » ou non, filles, fils d’artistes ou non, ce projet leur tient à cœur. Mais leur fantaisie d’enfants prend souvent le dessus sur le sérieux qu’ils tentent de garder au maximum. Avant que les accessoires créés par les élèves de la classe soient prêts, le théâtre a fait l’acquisition d’un arc en bois pour aider Narcisse à se mettre en situation. Bien entendu, nos comédiens en herbe ont trouvé ce jouet fascinant et leur imagination a débordé : il fallait trouver comment faire tenir l’arc mais surtout, les flèches ! Non sans tergiversations, une solution a fini par se profiler : l’interprète de Narcisse a planté les flèches de bois dans… les trous de son sweat-shirt « comme ça, ça fait un carquois ! » Il a quand même précisé que son sweat était déjà troué, qu’il ne fallait donc pas s’inquiéter et que c’était une place idéale et toute trouvée pour ses flèches. Après cet épisode la concentration est revenue et les flèches sont restées à leur place. Jusqu’à ce que les accessoires définitifs viennent les remplacer.

Songes et Métamorphoses
une création de Guillaume Vincent
d'après Ovide et Shakespeare

21 avril 20 mai 2017 / Berthier 17e