Notre démarche théâtrale / Collectif Si vous pouviez lécher mon cœur

Alexandre Lecroc-Lecerf, comédien du collectif Si vous pouviez lécher mon cœur actuellement à l’affiche de 2666, nous dévoile un bout du plateau.

Le collectif Si vous pouviez lécher mon cœur a toujours orienté son travail vers la création d’œuvres contemporaines.  Ainsi, les deux premières pièces que nous avons montées sous la direction de Julien Gosselin (Gènes 01 et Tristesse animal noir), s’écartaient déjà des textes de théâtre « classiques » pour aborder une dramaturgie proche du théâtre documentaire (Gènes 01) ou du roman (Tristesse animal noir).

Un nouveau palier est franchi en 2013 lorsque Julien Gosselin se lance dans l’adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq.  C’est la première fois que l’auteur est adapté sur une scène française. D’un roman de plus de 300 pages, Julien Gosselin remet aux comédiens un manuscrit de moins de cent feuillets. L’écriture de Houellebecq est conservée dans sa substance. L’adaptation en elle-même résulte plus d’un méticuleux travail de découpage et de montage du texte que d’une réelle réécriture. A l’exception de certains passages transposés du style indirect au style direct (pour faciliter la création de dialogues entre les personnages), l’écriture de Houellebecq est préservée. C’est donc avec cette trame, cette « matière première romanesque» que les répétitions commencent. Un seul mot d’ordre : le théâtre doit avoir le dernier mot. L’acteur doit être au centre et porter le texte dans sa pureté.

Mon travail, en tant que comédien, consiste avant tout à faire montre de propositions et d’initiatives. Avec les autres acteurs, nous abordons une scène et en proposons une version qui sera ensuite approuvée ou non par le metteur en scène. Une sorte de travail de tri s’opère, pour que le texte soit mis à l’épreuve de la scène. Nous proposons à Julien et lui dispose, corrige et améliore. C’est un aller retour permanent.

Mais, il arrive parfois que la littérature « résiste » au plateau et qu’elle ne se fasse plus entendre. C’est ici qu’interviennent la musique et la vidéo. Ces deux médiums (qui s’élaborent au même instant que le travail des comédiens) ouvrent de nouvelles perspectives et permettent souvent au théâtre de reprendre la main, de renouveler l’attention, et par là même, de hisser la spectateur à la hauteur du roman. Malheureusement il arrive que, malgré ces « béquilles », le roman résiste tout de même. Il faut alors sacrifier telle ou telle partie, pour l’harmonie de l’ensemble.

Aujourd’hui, de plus en plus de compagnies théâtrales choisissent d’explorer des matériaux qui ne sont pas fait pour le théâtre (romans, scénarios de films, documentaires). Avec le collectif Si vous pouviez lécher mon cœur, c’est la direction que nous suivons.
C’est une nouvelle fois le cas avec la création de 2666, adapté de l’œuvre de Roberto Bolaño.

© Simon Gosselin

© Simon Gosselin

 

2666
d'après Roberto Bolaño
mise en scène Julien Gosselin
10 septembre - 16 octobre / Berthier 17e

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