Groenland : la ruée vers le Nord a débuté

2025. C’est la guerre un peu partout en Europe. Au Groenland, de nombreuses sociétés minières et pétrolières constituées en consortium, se partagent les dernières richesses naturelles tout en influençant considérablement la politique intérieure et extérieure du pays. Telle est la situation en place dans le spectacle d’Anne-Cécile Vandalem, Arctique.

La metteuse en scène s’est beaucoup documenté lors de la conception du spectacle, au point de se rendre au Groenland à l’été 2016, avec l’intention d’y faire des recherches sur l’ouverture du passage du Nord-Ouest et les conséquences du réchauffement climatique sur la société groenlandaise.

« J’ai alors imaginé un Groenland qui, dans les prochaines années, serait une terre de convoitise pour les plus grandes puissances, un refuge que les Européens fuyant leurs pays en guerre tenteraient de rejoindre, un eldorado pour touristes fortunés, le dernier endroit fertile d’une planète exsangue, fermant ses frontières et négociant lui-même les conditions d’accès à ses richesses. »

Le Groenland : après avoir longtemps été une colonie norvégienne (colonisé depuis l’An Mille, en raison de ses richesses en ivoire de morse) puis danoise, le Groenland devient membre de la Communauté du royaume du Danemark en 1953, et jouit depuis 2009 d’un statut d’autonomie renforcée : la police, la justice, et une trentaine d’autres domaines de compétence sont désormais du ressort du pouvoir local, mais les affaires étrangères, la politique monétaire et la défense restent sous contrôle danois. L’exécutif groenlandais s’est doté en 2016 d’un ministère de l’indépendance.

Ittoqqortoormii, Groenland de l'Est, photo © Rob Oo

Ittoqqortoormii, Groenland de l’Est,
photo © Rob Oo

Dans Arctique, dont l’action se déroule en 2025, l’indépendance complète du Groenland a eu lieu et le pays a fonctionné grâce aux fonds injectés par les chinois pour extraire des minerais du sous-sol, mais cette exploitation s’est avérée trop chère et compliquée et ces mines ont été abandonnées.

Situation géopolitique de la région : en décembre 2018, la 24e conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), couramment désignée sous le nom de “COP 24”, a rassemblé 195 pays à Katowice, en Pologne, pour examiner le règlement d’application de l’Accord de Paris (adopté lors de la COP 21), fixant un objectif majeur : contenir le réchauffement planétaire en-dessous de 2° (voire 1,5°) par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Dès octobre, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a présenté son rapport, devant servir de base aux travaux de la conférence. Il en ressort qu’à moins d’un renforcement de la politique climatique des pays signataires de l’accord de Paris, le réchauffement global devrait dépasser les 3° C d’ici 2100. Le grand Nord sera la zone du globe la plus impactée, celle où le réchauffement produira (produit déjà) le plus rapidement ses effets néfastes.
La fonte des glaces ouvrirait dans le nord-ouest un passage maritime entre le Pacifique et l’Atlantique. Elle rendrait également possible l’exploitation d’importantes ressources minières et énergétiques.
Le sous-sol de l’Arctique abrite en effet des gisements énormes de pétrole, de gaz, de minerais ou de métaux (diamants, nickel, or, uranium, cobalt, cuivre). D’après certaines estimations, 22% des réserves énergétiques non découvertes se trouvent en Arctique.
Toutes les terres émergées de la région, ainsi que les mers et les fonds marins, font donc aujourd’hui l’objet de rivalités entre différents pays, limitrophes ou non. Outre la Chine, qui multiplie ces dernières années les investissements au Groenland, il s’agit principalement du Danemark, de la Norvège, des États-Unis, de la Russie et du Canada. La Russie, par exemple, détient 23% des sources du gaz naturel importé en Europe ; or ses gisements sont situés au nord de son territoire, c’est-à-dire dans le voisinage du cercle polaire. Les potentiels gisements de pétrole intéressent aussi le Canada et les États-Unis qui se disputent également le statut des mers.

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Source principale de cet article : dossier pédagogique du spectacle Arctique par le Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Arctique
un spectacle d’Anne-Cécile Vandalem
Das Fräulein (Kompanie)

18 janvier – 10 février / Berthier 17e