Dans l’imaginaire d’Angélica Liddell

«Je m’identifie avec les psychopathes, pas avec les poètes»

Vendredi 6 novembre, Angélica Liddell invitait le public de l’Odéon à explorer les œuvres qui fondent son imaginaire. Au cours d’un entretien rythmé par des lectures, Arnaud Laporte l’interrogeait sur les sources de son inspiration, pour dessiner avec elle sa «Scène imaginaire». Cette échange a donné lieu à une  émission diffusée sur France Culture le 22 novembre.

Angélica Liddell dans Primera Carta de San Pablo a Los Corintios

Angélica Liddell dans Primera Carta de San Pablo a Los Corintios © Samuel Rubio

Angélica Liddell a choisi plusieurs textes essentiels à partager avec le public. Trois comédiens prêtent vie à ces œuvres qui ont servi de point de départ à l’exploration de l’imaginaire de l’artiste. La sélection d’Angélica Liddell reflète son ultra-sensibilité à la monstruosité, mais aussi à la beauté.

Autour de la lecture du Pavillon d’or de Yukio Mishima, Arnaud Laporte pose la question de la beauté, qui est pour Angélica Liddell une obsession : « Comment obtenir la connaissance à travers la beauté ? Comment se demander : qu’est-ce que la beauté ? » En l’absence de réponse, « le problème de la beauté se transforme en mal-être ».

Hyperion de Friedrich Hölderlin donne lieu à l’exploration du thème de « la souffrance de l’amour » dans le travail d’Angélica Lidell. Arnaud Laporte l’interroge : « Qu’est-ce qui lie pour vous l’amour et le mal ? ». Pour Angélica Liddell, « le meilleur moyen de parler de la passion, c’est à travers le mal », et c’est par l’amour que nous rentrons dans nos états les plus violents.

La discussion atour des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë aborde le thème de l’humiliation dans et par l’amour. Arnaud Laporte pose la question de l’humiliation comme origine de l’écriture pour Angélica Liddell. Pour l’artiste, « il y a une nécessité de l’humiliation chez l’être humain. »

Tandis que j’agonise de William Faulkner soulève le thème de la maternité. « J’ai une relation très conflictuelle avec la maternité ». Angélica Liddell, pour qui « le théâtre est une vengeance contre le fait d’être née », évoque son dégoût de la maternité.

Angélica Liddell dans Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy)

Angélica Liddell dans Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) © Nurith Wagner-Strauss

Le dernier texte choisi par l’artiste est un extrait de la Bible, influence majeure pour tout le travail d’Angélica Liddell. « Est-ce qu’on peut dire que la Bible est votre plus grande influence ? ». Oui, répond Angélica Liddell. « Quand je dois écrire, je commence par lire la Bible ». Trois livres sont pour elles fondamentaux : le Livre d’Abraham, le Livre d’Isaïe, le Livre de Job. Elle développe les thématiques que ces trois livres lui permettent d’explorer.

La soirée se conclut avec la lecture d’un texte d’Angélica Liddell, Mes yeux, blancs comme ton sperme, qui réunit toutes les questions abordées au cours de la discussion.

La prochaine Scène imaginaire donnera carte blanche à Romeo Castellucci, samedi 5 décembre.