Avec Tristesses, Anne-Cécile Vandalem propose un polar nordique dans la grande tradition littéraire du genre : froid, grinçant et bourré d’humour noir. Le genre du « polar nordique » est devenu, depuis dix ans, un incontournable de la littérature policière contemporaine. Mais de quoi s’agit-il réellement ?

En France, le polar nordique prend son essor il y a plus de dix ans, lorsque paraît dans les librairies la traduction de Millenium, du suédois Stieg Larsson, décédé en 2004. La trilogie originale, publiée entre 2005 et 2007, devient rapidement un succès mondial et se verra adaptée en films, en feuilleton radio ou encore en bande-dessinée. C’est le début d’une vague de roman policiers nordiques qui va déferler sur la France : les maisons d’édition se ruent sur ce genre nouveau, chacune voulant publier « son » polar venu du froid. Et ça fonctionne ! Le polar nordique fait un carton auprès du public français.

Le roman policier scandinave représente à la fois l’exotisme et la familiarité pour le public français : exotisme des paysages et des mœurs, mais familiarité des thèmes abordés et de l’intérêt pour les questions sociales. Car les thématiques sociales sont au cœur du polar nordique : partir de la petite intrigue policière, en apparence anecdotique, pour parvenir à l’histoire, plus grande et profonde, d’une société souvent critiquée est une des caractéristiques principales de ce genre littéraire. S’ajoute à cela des paysages presque vides, des régions dépeuplées, un climat inhospitalier et des personnages au caractères bien trempés, loin des policiers américains – bien souvent trop sages selon certains – et des criminels aussi froids que les régions qu’ils habitent, qui participent au dépaysement que beaucoup de lecteurs recherchent dans ce genre littéraire.

Ce qui explique le mieux le succès du polar nordique, c’est avant tout sa dimension européenne, qui fédère énormément de lecteurs et lectrices. Les intrigues lentes, la part belle faite à la violence psychologique plutôt qu’aux scènes d’actions à l’américaine et surtout les descriptions d’une Europe encore hantée par son passée totalitaire, d’un société violente où les discriminations, plus insidieuses, restent bien présentes sont autant de raisons qui expliquent l’expansion de ce genre littéraire.
Si, en 2007, les auteurs nordiques restaient encore méconnus, suite au succès de Millénium ce n’est plus le cas aujourd’hui : Henning Mankell (La cinquième femme, Points, 2000), Jo Nesbø (Le léopard, Folio, 2011), Camilla Läckberg (La princesse des glaces, Acte Sud, 2008) ou encore Anne Holt (Madame la Présidente, Points, 2010) sont autant de noms connus des lecteurs et lectrices.

Cet attrait grandissant pour le polar nordique ne cesse de se confirmer depuis dix ans, à tel point que des auteurs francophone s’y essayent. En littérature, par exemple, Fred Vargas publie en 2015 Temps Glaciaires, dans lequel le commissaire Adamsberg, son personnage fétiche, va enquêter en Islande. Anne-Cécile Vandalem, elle aussi, s’inspire de l’ambiance de ces polars venus du froid dans son théâtre, notamment avec Tristesses et Arctique.