Jean-Baptiste Emmerich, qui se savait malade, voulait être enterré à Limoges. « C’est loin », lui avait-on fait observer. « Eh bien, ceux qui m’aiment prendront le train », avait-il répondu. C’est là le point de départ du film que Patrice Chéreau réalisa il y a vingt ans, Ceux qui m’aiment prendront le train, récit du voyage ferroviaire que font ses amis et amants, sa famille, pour accompagner son corps au cimetière limousin.
Jean-Baptiste Emmerich était un artiste peintre volontiers scandaleux, qui voyait arriver la mort et ne voulait pas partir en laissant les autres en paix. Il les laisse en crise, se confrontant les uns aux autres, dans une tentative de retenir un peu de l’homme qui les a tant influencé. Ils se dévoilent au cours du voyage, avec leurs faiblesses et leurs disputes vaines, devant l’éternité qui les menace.

Le film obtiendra aux César 1999 le prix du meilleur réalisateur, de la meilleure photo, et de la meilleure actrice dans un second rôle pour Dominique Blanc. Il met principalement en scène Charles Berling, Jean-Louis Trintignant, Pascal Greggory, Valéria Bruni-Tedeschi, Bruno Todeschini, Sylvain Jacques, Vincent Perez.

Aujourd’hui Pascal Greggory, qui fut acteur sur 5 films et 5 pièces de théâtre avec Patrice Chéreau, revient sur l’influence qui fut la sienne dans sa propre existence, ce que Chéreau lui a appris, « l’âpreté du métier d’acteur, sa grande dureté, ses douleurs et ses immenses joies », à travers la lecture de lettres qu’il lui avait écrites, jusqu’à ses textes sur ses mises en scène, ses réflexions sur son art. Cette lecture à l’Odéon, « Je lui dois cela et bien plus encore », affirme Pascal Greggory en préambule de Ceux qui m’aiment…