Le paysage au cœur de l’écoquartier Clichy-Batignolles

Comment, sur scène, faire entrer le paysage du dehors, comment les faire dialoguer ? c’est le projet des metteurs en scène et acteurs Deflorian et Tagliarini pour leur spectacle Il cielo non è un fondale (Le ciel n’est pas une toile de fond), présenté aux Ateliers Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe du 9 au 18 décembre.
Cette salle de spectacle se trouvant au cœur d’un quartier en pleine mutation dans lequel le paysage a été pensé, nous avons demandé à Christine Hoarau-Beauval, consultante et conférencière qui crée des visites et événements à la découverte de l’architecture et de la ville contemporaine, de nous le présenter.

Perspective du secteur Ouest © PBA-Vectuel-Studiosezz

Perspective du secteur Ouest © PBA-Vectuel-Studiosezz

L’histoire de ce quartier commence aux Batignolles. Ici sous la houlette des frères Pereire et des ingénieurs anglais, la modernité a commencé à se reconnaître elle-même au temps où le chemin de fer traçait sa route vers l’Ouest et engendrait des quartiers. Zola écrivait La Bête humaine tandis que Caillebotte, Manet et Monet peignaient la gare et ses environs, symboles de la révolution industrielle.

En même temps, sous la direction d’Haussmann, Jean-Charles Alphand, architecte-paysagiste lance la construction de poches vertes. Loin d’une idée bucolique et rurale, ces squares sont pensés par l’homme et construits à la façon d’un paysage pictural et par conséquent artificiel (plantes exotiques, natures contraintes, cheminements balisés).

Le quartier en devenir est aujourd’hui nommé « Clichy-Batignolles » et son destin révèle de grandes ambitions pour Paris et le grand Paris. Pressenti en 2002 pour accueillir les JO de 2012, c’est sous cette impulsion que le potentiel de cette friche d’une cinquantaine d’hectares s’est révélé : un des derniers espaces parisiens possible de cette ampleur à réinvestir.

Ce projet important est centré sur l’aménagement d’un parc de 10 hectares qui représente un tiers de l’espace, traversé par une diagonale piétonne menant au boulevard Berthier. Une grande partie de la zone aménagée est destinée à la création de logements dont 50% de logement sociaux pour respecter la loi SRU de décembre 2000. Dans une optique de mixité on retrouve également des programmes de bureaux, commerces, logements étudiants…

Le jardin est conçu comme un véritable lieu public bordé d’habitations et le quartier s’est doté de tous les attributs qui en feront l’Ecoquartier de demain : jardin des quatre saisons favorisant la biodiversité, gestion des eaux de pluie grâce à des rigoles et une éolienne activant une pompe, collecte pneumatique des déchets, alimentation du quartier par géothermie.

Au rythme des grues qui assemblent peu à peu le monumental palais de justice de l’architecte Renzo Piano − auteur notamment du Centre Georges Pompidou − s’établit sous nos yeux aujourd’hui la synthèse de la ville contemporaine.

Christine Hoarau-Beauval
Ingénierie culturelle et conférences d’architecture et d’urbanisme contemporain.
Contact 06 59 34 46 97 / christinehoarau75@gmail.com