La première fois de Nada Strancar à l’Odéon…

Nada_Expo_couvC’était en janvier 1975. Nada Strancar, pour son premier spectacle après sa sortie du Conservatoire, jouait à l’Odéon, et dans la grande salle, dans une création présentée par le Jeune Théâtre National : En r’venant de l’expo, première mise en scène de la pièce de Jean-Claude Grumberg, par Jean-Pierre Vincent¹.

Le Jeune Théâtre National (JTN), alors toute jeune structure, avait été créée en 1971 par le directeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Pierre-Aimé Touchard, afin de faciliter l’entrée dans la vie professionnelle des quelques vingt comédiens qui sortaient chaque année de cet établissement, et dont quelques-uns seulement étaient recrutés par la Comédie-Française. S’y ajoutèrent rapidement des élèves issus de l’École de Strasbourg (TNS).

À cette époque le ministère de la culture réfléchissait à redéfinir les missions de l’ex-Théâtre de France (dénomination de l’Odéon de 1968 à 1971) et décida alors que ce théâtre présenterait, à côté de spectacles de compagnies invitées, des spectacles du Jeune Théâtre National. Le Théâtre national de l’Odéon allait donc désormais coproduire chaque saison un spectacle du JTN dans sa grande salle et un autre dans sa petite (le Petit Odéon).Nada_Expo_distrib

Pour monter En r’venant de l’expo en 1975, Jean-Pierre Vincent dût pervertir quelque peu la règle du Jeune Théâtre National : il lui fallait des rôles plus âgés, il invita donc d’anciens du Conservatoire, Philippe Clévenot, Bernard Freyd, à rejoindre les jeunes sortants comme Nada Strancar ou Pierre Romans.

Nada Strancar reviendra dans le cadre du JTN à l’Odéon en avril 1976, pour L’Éveil du printemps de Wedekind mis en scène par Pierre Romans. Puis ce sera la 8485_AFF_01grande aventure de L’Illusion de Corneille montée par Giorgio Strehler en novembre 1984, la première production du Théâtre de l’Europe né un an plus tôt, et un spectacle mythique, avec une scénographie impressionnante de Ezio Frigerio et des costumes de Luisa Spinatelli, avec, aux côtés de Nada Strancar, Hugues Quester et Gérard Desarthe.

À l’Odéon ce sera encore Le Livre de ma mère d’Albert Cohen, en octobre 1986 ; John Gabriel Borkman d’Ibsen mis en scène par Luc Bondy en 1993 – un metteur en scène avec lequel Nada Strancar travailla souvent ; Le Baladin du monde occidental de John Millington Synge, créé à l’Odéon par André Engel, en 1995.
Nada Strancar travaille ensuite beaucoup avec Christian Schiaretti au Théâtre National Populaire, et ne reviendra à l’Odéon qu’en 2008, pour jouer la mémorable Clytemnestre de L’Orestie d’Eschyle montée par Olivier Py, sa première création en temps que directeur de l’Odéon.
Nada Strancar sera encore de la création de Toujours la tempête de Peter Handke par Alain Françon aux Ateliers Berthier de l’Odéon en mars 2015, avant de nous revenir pour ce Pays lointain de Jean-Luc Lagarce, au sein de la jeune troupe menée par Clément Hervieu-Léger.


¹ – pièce qu’il avait déjà mise en espace au Festival d’Avignon en 1973 dans le cadre de Théâtre Ouvert. Le texte est publié en Tapuscrit par Théâtre Ouvert en janvier 2015.

Le Pays lointain
de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Clément Hervieu-Léger

15 mars – 7 avril 2019 - Odéon 6e