Angélica Liddell : sa première fois à l’Odéon

Angélica Liddell est apparue pour la première fois dans la pogrammation de l’Odéon lors de la saison 2011-2012. Elle y présentait du 23 au 28 mars 2012 La Casa de la fuera : La Maison de la force. Pourquoi ce titre ? Dans la bible du spectacle, Angélica Liddell raconte :

la casa de la fuerzaLe 2 octobre 2008, jour de mon anniversaire, j’étais mal fichue, le temps qui passe me rendait malade, j’avais désormais pleinement conscience d’avoir perdu tout ce que j’aimais ou avais aimé. J’étais effrayée, furieuse et triste. J’avais pratiquement cessé de lire et d’écrire. Le jour même, je me suis inscrite dans un club de sport, le lieu de la force et de la résistance, pour y chercher de la contradiction ou du soulagement. C’est là qu’est née La Maison de la force. J’y ai découvert que l’épuisement physique m’aidait à supporter la défaite spirituelle. Je m’exténuais dans des exercices de préparation à la solitude. Mais, peu à peu, la solitude a violemment pris le pas sur la force. Dès lors, la solitude et la force se sont livré une bataille sans merci. Et la force m’a permis de creuser au plus profond de la fragilité, de l’imperfection, de la faiblesse et de la vulnérabilité. Le superficiel (la force, le sexe, les blessures, tout ce qui se voit) est immédiatement devenu une façon de révéler les convulsions des effroyables profondeurs.
(traduit de l’espagnol par Christilla Vasserot)

Empli de rage et de vitalité, le spectacle est un terrible voyage de la souffrance intime vers la souffrance des autres. Angélica Liddell y invoque les femmes et les petites filles qui furent massacrées par centaines aux environs de Ciudad Juárez, au Mexique. Angélica Liddell se considère comme une individualiste, ce qui ne l’empêche pas de s’engager dans la souffrance humaine. Tout en refusant l’étiquette de féministe, elle revendique sa condition de femme, et la souffrance qui en découle et qu’elle cherche à transformer.

Dans La Maison de la force,je raccorde ma douleur individuelle à celle des mères de Ciudad Juárez. La douleur de l’autre est aussi réelle que ma propre douleur.

Alors qu’Angélica Liddell était déjà célèbre en Espagne, où elle avait remporté plusieurs prix, c’est avec La Casa de la fuerza qu’elle s’est vraiment révélée au public français, lors du 64e Festival d’Avignon.

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