La première fois de Bernard-Marie Koltès à l’Odéon, c’était…

Bernard-Marie Koltès est né à Metz en avril 1948. Il choisit définitivement d’écrire pour le théâtre après avoir vu Maria Casarès dans la Médée de Sénèque, mise en scène par George Lavelli à la Comédie de l’Est en janvier 1968 (une pièce créée à l’Odéon-Théâtre de France en avril 1967).
De 1970 à 1973, Bernard-Marie Koltès écrit et monte ses premières pièces: Les Amertumes (d’après Enfance de Gorki), La Marche (d’après Le Cantique des cantiques), Procès Ivre (d’après Crime et châtiment de Dostoïevski), ainsi que L’Héritage et Récits morts. Il fonde sa troupe de théâtre (le Théâtre du Quai) et devient étudiant régisseur à l’école du Théâtre national de Strasbourg.

En 1977, Bruno Boëglin crée Sallinger à Lyon, et Koltès met lui-même en scène La Nuit juste avant les forêts au festival off d’Avignon avec Yves Ferry. C’est un des succès du off, chaque soir le public vient plus nombreux, la presse nationale s’y intéresse. Le spectacle tourne un peu partout en France, et dans la petite salle du Théâtre de l’Est Parisien. La pièce paraître en 1979 en Tapuscrit chez Théâtre Ouvert¹.
Koltès renie ses précédents textes. En 1979, il rencontre Patrice Chéreau qui, à partir de 1983, signera au Théâtre Nanterre-Amandiers les mises en scène de la plupart de ses textes (dont Quai Ouest, en 1986, avec Maria Casarès).
En 1981, la Comédie-Française lui commande une pièce qui deviendra Quai Ouest.
La Nuit juste avant les forêts est mise en scène par Jean-Luc Boutté avec Richard Fontana, tous deux sociétaires de la Comédie-Française, au Petit-Odéon² du 6 janvier au 8 février 1981, puis reprise en juin : première et modeste consécration publique de l’importance d’une écriture.

La Nuit juste avant les forêts, c’est une seule phrase, sans point, courant sur soixante pages. Pas un monologue mais un soliloque, c’est-à-dire un face-à-face où un seul des interlocuteurs parle tandis que l’autre se tait.

« Un homme tente de retenir par tous les mots qu’il peut trouver un inconnu qu’il a abordé au coin d’une rue, un soir où il est seul. Il lui parle de son univers. Une banlieue où il pleut, où l’on est étranger, où l’on ne travaille plus ; un monde nocturne qu’il traverse, pour fuir, sans se retourner ; il lui parle de tout et de l’amour comme on ne peut jamais en parler, sauf à un inconnu comme celui-là, un enfant peut-être, silencieux, immobile. »
Bernard-Marie Koltès

 


¹ à propos de Théâtre Ouvert : cf. l’article consacré à Jean-Luc Lagarce.

² à propos de la présence de la Comédie-Française à l’Odéon : cf. l’article consacré à Jean-Luc Lagarce !

Les Idoles
un spectacle de Christophe Honoré

11 janvier – 1er février 2018 / Odéon 6e